Macodou Mbengue, comédien et metteur en scène veut apporter une nouvelle image au théâtre sénégalais, elle doit être plus professionnelle et
universelle. Il a donné un avant goût avec ses élèves lors d’une représentation théâtrale du centre culturel Blaise Senghor.
Les 50 élèves, âgés de 20 à 60 ans, du comédien et metteur en scène Macodou Mbengue, ont présenté
vendredi dernier au Centre culturel Blaise Senghor la représentation finale d’un atelier de deux mois. « Ils faisaient du théâtre dans la rue. Je leur ai proposé de suivre une
formation pour améliorer leur jeu théâtral » explique le metteur en scène de la compagnie des « Gueules Tapées ». Le théâtre populaire est très répandu au Sénégal. « Tout le
monde fait du théâtre. A l’école, le théâtre se range au même niveau que le sport » souligne Macodou. C’est d’ailleurs comme cela qu’il a débuté. Originaire de Rufisque
Macodou est passionné de théâtre depuis son enfance. Il a subit une formation pendant cinq années à l’école des arts de Dakar.
Il s’est produit dans le monde entier avec « les gueules tapées » et armé de son expérience il crée en
2000 le « Fest Art, un festival international du théâtre pour la paix » à Dakar.
Avec une 6ème édition du Fest Art est devenu un événement majeur de théâtre professionnel au Sénégal.
L’objectif de Macodou est de lui donner une renommée internationale, en optimisant la circulation des artistes et des œuvres théâtrales sénégalais et d’autres pays. « On joue dans
divers endroits à Dakar pour toucher toute la population » explique t-il. Mais le metteur en scène souhaite aller plus loin encore : « Je veux former au théâtre professionnel, tous
ces jeunes talents sénégalais qui sont dans la rue ».
Le rythme et l’énergie du jeu sur la scène
Lors du stage à Blaise Senghor, il a transmis aux élèves les deux techniques fondamentales pour un comédien :
le rythme et l’énergie du jeu sur la scène de théâtre. « Je leur ai fait travailler des textes de Molière, en français et en wolof. Je voulais qu’ils voient le théâtre autrement
avec un texte à apprendre, des postures de scènes à imiter », explique Macodou Mbengue. La représentation finale a été une belle réussite. Les 50 élèves, dont des mères
de familles, ont fait face pour la première fois à un grand public. « Ils ont assurés. Je suis très fières d’eux » commente le professeur. Pour Macodou, il n’est pas question
de les lâcher après cette étape. « Je prépare maintenant une production avec certains d’entre eux. Le talent vient de la rue, il suffit juste de le montrer sous les projecteurs »
dit-il.
Mais pour cela, le comédien a besoin d’un soutien financier. S’il a réussi à proposer un stage gratuitement,
il avoue néanmoins ne plus pouvoir continuer sans financement. « Le théâtre est une autre façon de voir la vie. Investir dans l’art théâtral est fondamental au Sénégal » argumente
t-il. Aujourd’hui, « je souhaite amener le regard des sénégalais vers une autre forme de théâtre ; un théâtre plus universel » avance-t-il. Selon lui, les comédiens doivent éviter
de jouer seulement en wolof et de se braquer sur un seul thème. « Il faut un théâtre qui parle à tout le monde », c’est ainsi qu’il peut aussi s’exporter au-delà des
frontières africaines.
Sarah SUDRE