Le Grand théâtre deDakar a accueilli vendredi dernier, la première de la pièce Le Sacrifice de Madior. Le public a replongé dans l’ambiance du royaume du Cayor au temps où, le pouvoir était ce qui comptait le plus.
Des cases qui entourent une grande cour royale, un baobab que l’on aperçoit au loin. Un trône vacant au beau milieu de la concession. Le décor ainsi campé, reproduit le royaume du Cayor en ses temps fastes. Le metteur en scène Macodou Mbengue a voulu revisiter le mythe de Yassine Boubou à travers la pièce Le sacrifice de Madior. S’inspirant d’un texte de Ibrahima Sall, il a, vendredi dernier, plongé les spectateurs du Grand Théâtre de Dakar, dans la guerre de succession qui a décimé presque en entier une famille royale. Le roi mort, il lui fallait un héritier. Normalement, c’est l’ainé des fils qui doit accéder au trône après son père. Seulement, personne ne le trouve assez courageux et valeureux pour diriger le royaume. Une dispute éclate alors entre les frères qui finissent par s’entretuer.
Pendant ce temps, la sorcière (interprétée par Anne Marie Doliveira) avait déjà réglé la question. Elle sait que c’est Madior
(joué par Roger Sambou) qui va accéder au trône. Mais à quel prix ? Avec une voix forte qui semble presque irréelle, elle annonce à Madior qu’il sera Damel du Cayor et Tègne du Baol et que
son fils lui succèdera à ces fonctions. Seulement, le prévient-elle, «il te faudra payer le prix du sang». Pas n’importe quel sang ! Les esprits
réclament celui de son épouse. Décontenancé par ses prédictions, le prince s’en ouvre à ses femmes. Mais en discutant avec elles, Madior se rend compte que la seule qui peut sauver la dynastie et
lui permettre d’accéder au trône, c’est sa préférée, Yassine Boubou, la plus jeune de ses épouses.
LE PRIX DU SANG
Devenir Damel du Cayor, devient problématique. Toutefois, la femme se soumet volontiers aux exigences des esprits. Elle accepte sans réticence de donner sa vie pour sauver la dynastie et faire de son mari et de son fils encore bébé, Damel et Tègne. Un épisode historique de ce royaume, réalisé dans un
échange poignant que le public a suivi en écrasant par moment une larme au coin de l’œil. Tant furent touchants les propos de Yassine Boubou (interprétée par la jeune Fatou Kiné Kaba découverte par le metteur en scène lors d’un festival interscolaire de théâtre) qui convainc son mari de la
nécessité de se sacrifier. Grâce à elle et comme le veut la légende, le sacrifice de Yassine Boubou qui s’est donnée la mort, propulse Madior à la tête du Cayor et du Baol. «Le mythe de Yassine
Boubou glorifie la femme par rapport à l’image que l’on a toujours voulu donner à la femme africaine et sénégalaise», explique Macodou Mbengue. Il a fallu une trentaine de comédiens de la
compagnie les Gueules Tapées, de Sorano et de l’Arcots pour donner vie à cette pièce.