Les « contes » de Médiatique Events
S’il a décidé de maintenir la coordination générale du Festival mondial des arts nègres (Fesman) et de mettre en piste des hommes de
confiance (Pierre Goudiaby Atépa et Cheikh Amar) pour la construction des infrastructures du Fesman III, il n’en demeure pas moins que le président de la République garde
toujours un goût amer du bilan mitigé de Jean Pierre-Pierre Bloch, désormais ancien producteur délégué du Fesman. Comme le révélait « L’As », l’Etat, par le
biais du Ministère de la Culture, lui a adressé une lettre, en date du 4 août 2008, pour résilier le contrat en date du 18 décembre 2008, non sans lui proposer une rupture
à l’amiable, qui lui éviterait des poursuites judiciaires. La vérité est que Bloch, en plus d’avoir zéro réalisation sur les préparatifs de l’événement qui lui avait été
confié, a joué avec les finances qui avaient été mises à sa disposition.
3,1 milliards de F Cfa décaissés pour zéro
À sa demande, l’Etat du Sénégal avait mis à la disposition de « Médiatique » un prêt de 2 milliards de F Cfa qu’il s’était engagé
à rembourser, dès les premières rentrées du fund rising que Bloch avait envisagé. Et qui, selon ses dires, devrait rapporter entre 40 et 60 milliards de nos francs. Or,
comme le constate l’Etat, Bloch n’a même pas obtenu un seul dollar. Alors que, sur le prêt, un montant de 1,8 milliard de F Cfa a été consommé. À la suite de la signature
du contrat, l’Etat avait mis à sa disposition, au Ministère de la Culture, la somme de 10 milliards de nos francs, sur laquelle Jean Pierre-Pierre Bloch a retiré 2
milliards de F Cfa, sans même à ce jour le début d’exécution d’une prestation en direction de l’événement. Toutes choses qui font que l’Etat du Sénégal, pour éviter une
saisine de la Justice, avait demandé à Bloch des propositions concernant les sommes qui lui ont été avancées, c’est-à-dire 1,8 milliard d’avance non encore remboursé et 2
milliards de francs, pour lesquels « nous n’avons la preuve d’aucune prestation effective dans le cadre du Fesman », comme l’écrit l’Etat sur un ton ferme.
Pourtant, Médiatique Events a tenté de justifier l’utilisation du versement de 1 milliard de francs sur le premier acompte. Des dépenses dont l’Etat doute de la véracité,
à cause de leur légèreté.
40 millions de F Cfa pour un cabinet français, 12 millions francs pour des voyages de
« repérages »…
Selon les justificatifs de Médiatique Events, 40 millions de F Cfa ont été versés au cabinet Rozo pour sa mission d’étude, de développement
et de mise au point du cahier des charges relatives à la réhabilitation de tous les sites retenus, ainsi qu’à la première version des Fes-Penc. Commentaire d’une source
proche du dossier : « 40 millions de F Cfa pour des architectes français. C’est bizarre, quand même, d’autant que, jusqu’à ce jour, ce décaissement n’a pas été
justifié ». Mieux ou pire, selon toujours les états remis par Médiatique, 13 millions de francs ont été versés en honoraires à l’assistant à maîtrise d’ouvrage et 12
millions de nos francs pour des…voyages effectués entre la France et le Sénégal et à l’intérieur du Sénégal par les architectes et l’assistant à maîtrise d’ouvrage,
« afin d’effectuer des repérages sur sites ». Pourtant, l’Etat note qu’« aucun début de réhabilitation des lieux d’organisation des manifestations n’a été
constaté ». Pourquoi, donc, tout cet argent a été décaissé au profit d’architectes français ?
10 millions de francs pour des déjeuners entre Paris et New York
Ces contradictions avec la réalité des faits et ce que soutient Médiatique pour se dédouaner sont aussi palpables dans la rubrique
« Communication/Fundraising ». Ici, 75 millions de F Cfa ont servi, selon les justificatifs, aux salaires des équipes de relations publiques, relations presse et
communication. 10 millions de francs ont été mobilisés pour des …déjeuners avec des partenaires potentiels entre Paris et New York. On retiendra que ces déjeuners n’auront
finalement servi à rien, si tant est qu’ils ont eu lieu.
130 millions de F Cfa pour réserver des chambres qui ne verront pas d’hôtes…
30 millions de F Cfa ont été nécessaires, selon Médiatique, pour la mise en place des versions I et II du site Internet. 40 millions de nos
francs auraient été nécessaires pour la campagne sénégalaise lancée le 30 avril 2009 et « au travail réalisé auprès des chaînes de télévision par la société Basic
Lead et enfin aux voyages correspondant à ces différentes actions (Etats-Unis, Brésil…) ». Pour le volet logistique, hébergement, transfert et restauration, la somme
de 50 millions de francs correspond, selon Médiatique, au travail des équipes qui, selon toujours elle, a permis d’aboutir à « six projets structurés et argumentés
pour le village des festivaliers à travers une consultation internationale, mais aussi aux accords commerciaux initiaux passés avec cinq grands hôtels dakarois pour
réserver les 400 chambres, où logeront les équipes du Fesman et les artistes internationaux ». 130 millions de nos francs ont été versés à ces hôtels pour réserver
les chambres. Enfin, affirme Médiatique, un acompte de 25 millions de francs a été versé sur la commande des tentes et du mobilier…
Cheikh Mbacké GUEYE